
Alice Milliat, figure méconnue du sport au féminin et du féminisme au XXe siècle
Alice Milliat (5 mai 1884 - 19 mai 1957)
Militante des droits des femmes et du droit à l’éducation physique et sportive pour toutes et tous, Alice Milliat est une véritable pionnière du sport international. Originaire de Nantes, elle découvre le monde sportif en Angleterre dans les années 1900, s’essayant aussi bien à l’aviron et à l’athlétisme qu’au hockey sur gazon.
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De retour à Paris, elle rejoint Femina Sport, l’un des tous premiers clubs dédiés aux femmes en France et en devient la présidente dès 1915. Animée par la volonté de rendre toutes les disciplines accessibles à chaque femme, elle est à l’initiative du premier match féminin de football en France (sept. 1917) mais également du premier cross-country féminin (avril 1918). Elle est d’ailleurs elle-même une sportive accomplie, étant l’une des toutes premières femmes à remporter le Brevet d’Audax d’aviron.

En 1917, Alice Milliat fonde la Fédération des sociétés sportives féminines de France, mais se heurte immédiatement à l’opposition du baron de Coubertin. Le père des Jeux olympiques modernes estime en effet que des compétitions féminines ne feraient qu’exposer des athlètes aux cuisses nues à « un public masculin inévitablement concupiscent ».


Réponse d’Alice : « Si vous pensez que le sport féminin est un signe d’indécence morale et d’exhibitionnisme, vous vous trompez ». Elle se tourne alors vers le Comité Olympique International (CIO) pour proposer l’inclusion des femmes aux Jeux Olympiques d’Anvers en 1920. Mais sa demande est rejetée, tant par le CIO que par le baron de Coubertin, pour qui les JO doivent rester « l’exaltation solennelle de l’athlétisme masculin, avec l’applaudissement féminin comme simple récompense ». Pour lui, une « olympiade féminine » serait non seulement « inesthétique » et « inintéressante », mais aussi « incorrecte ».

Une victoire personnelle
Le 20 août 1922, au stade Pershing à Paris, une voix forte et déterminée annonce : « Je déclare ouverts les premiers Jeux olympiques féminins du monde. » Ces mots, salués par une ovation nourrie de la part des 20 000 spectateurs présents, marquent pour Alice Milliat une victoire personnelle. Depuis des années, cette athlète française lutte pour prouver que « le sport féminin a sa place dans la société, au même titre que le sport masculin ». Depuis des années, cette pratiquante d’aviron, membre du club parisien Fémina Sport, lutte contre une vision dominante qui considère que le sport est trop brutal pour les femmes, censées préserver leur capacité à enfanter.